Création d’un profil de puissance record (PPR) et catégories de Coggan

La création de son profil de puissance record (PPR) à l’aide d’un capteur de puissance permet de définir sa catégorisation de cycliste (sprinteur, coureur de contre la montre, grimpeur, poursuiteur,…) et de déterminer ses points faibles et ses points forts.

Il faut pour cela se lancer dans une série de tests sur des durées prédéfinies, et noter les valeurs moyennes de puissances correspondantes. Les durées types sont en général de 5/30/60 secondes et 5/20/60 minutes.

Pour se faciliter la tâche, le mieux est de compiler les données dans un logiciel, qui pourra en sortir un graphe puissance vs durée. Les plus connus sont WKO/trainingpeaks, Golden Cheetah ou encore le site Strava en Premium (le plus simple, celui que j’utilise pour l’instant).

En ce qui me concerne je me suis lancé dans les tests de 5 minutes et de 15 minutes. J’ai fait un test de la minute sans vraiment m’y lancer exprès. Les autres durées découlent de mon comportement sur le vélo, à l’entrainement comme en course et n’ont donc pour l’instant pas fait l’objet de test spécifique. Il est évident que plus l’on aura de données (et de test spécifiques), plus fiable sera le profil.

Exemple de profil de puissance généré par Strava

Ce qui est ensuite intéressant, c’est de pouvoir se situer parmi les différents niveaux cyclistes. Pour cela Andrew Coggan, célèbre chercheur en physiologie du sport ( c’est lui qui a inventé la notion de TSS pour mesurer la charge de travail, rien que ça!) a compilé des années de tests et de mesures de puissance pour créer le tableau ci dessous:

PowerProfiling d’Andrew Coggan

 

Comment se situer dans ce tableau? Il faut simplement convertir vos valeurs de puissances en puissance relative en les divisant par votre poids, afin d’obtenir un profil en watts par kilogramme.

Il est à noter que les valeurs du tableau semblent pas mal optimistes, peut être à cause du fait que les premières mesures remontent à 1980.

Ainsi pour ma part j’obtiens, rapporté à mon poids de forme de 57 kg:

  • puissance sur 5s: 773 watts soit un rapport poids/puissance de 13.56 watts/kg. Cela me classe au milieu des 5e catégories (équivalent D3/D4 en France)
  • puissance sur 1 minute: 455 watts soit 7.98 watts/kg. Classement entre les 3e et le 4e catégories (soit D1/ 3e FFC)
  • puissance sur 5 minutes: 318 watts (en théorie 340 à 350 watts car j’ai fait 30 secondes de roue libre en fin de test, mais bon…): 5.57 watts/kg soit entre les 1ere et 2eme catés
  • puissance sur 60 minutes non déterminée mais estimée à 269 watts par strava. Cela me donne 4.72 watts/kg et me classe comme pour le CP5 entre les 1ere et les 2eme catés. A noter que l’on peut estimer sa puissance sur une heure (FTP) en faisant un test sur 20 minutes (CP20). La FTP vaut 0.95 x CP20.

Tableau donc optimiste car je suis à des années lumières d’un niveau 1ere/2eme FFC. Peut-être justement à cause de mes très faibles valeurs de puissance pour les durées inférieures à la minute (j’ai constaté que c’est dans ces eaux là que je galérais en course).

J’ai pas mal regardé les différentes valeurs de puissance de coureurs sur différent blogs ou forums, et effectivement pas mal d’entre eux qui courent en pass cyclisme ont des valeurs de CP5 qui les classeraient en 1ere caté, voir au niveau des professionnels! Inversement, quelques uns ont des valeurs relativement faibles et courent dans de bonnes catégories. C’est donc assez bizarre et il ne faut pas prendre ce tableau à lettre. La compétition nécessite d’autres qualités telles que savoir frotter, se planquer, attaquer au bon moment, se faire mal, etc…

Quentin Leplat sur son blog donne d’autres chiffres de coureurs qu’il a pu tester: 400 à 430 watts pour un 3eme caté FFC (rapporté à 70 kg, soit entre 5.7 et 6.14 watts/kg, c’est à dire des chiffres de 1ere caté pour Coggan) et 350 à 400 pour un pass cyclisme (soit entre 5 et 5.71 watts/kg, c’est du niveau 2eme caté pour Coggan).

Et puis, la puissance relative ne fait pas tout: la plupart des courses étant plates ou seulement vallonnées, les coureurs lourds et puissants seront toujours devant, même s’ils présentent un rapport poids puissance très faible.

Idem pour les sprinteurs! Avoir une faible PMA mais des puissances élevées sur de courtes durées suffit souvent à gagner n’importe quelle course.

Au final il existe bien quelques coureurs de 55 kg avec des PMA de l’ordre de 320/350 watts qui courent en 1 ou 2 FFC, mais là j’arrive pas à comprendre comment c’est possible! Face à des gars capable de générer 400 voire 450 watts sur 5 minutes (et parfois encore plus!), comment arrivent-ils à tirer leur épingle du jeu?

Mais revenons à notre tableau de Coggan. S’il l’on relie chacun de ses propres points de puissance par des lignes, on obtient différentes formes de tracés qui sont symptomatiques du typage du coureur.

Si je reprend mon exemple avec des faibles puissances sur 5 secondes et 1 minute et de bonnes puissance sur 5 minutes et plus, j’obtiens un tracé en (/).

D’après Coggan, c’est le profil des coureurs de contre la montre! Je comprend mieux maintenant pourquoi j’aime cet exercice malgré un physique pas du tout adapté pour ça!

Il existe le tracé en (-) c’est à dire pour lequel chaque valeur de puissance correspond à la même catégorie. C’est le profil des coureurs tout terrain.

Un autre tracé est celui en (\), l’inverse du mien: très fort sur les petites durées, et moins à l’aise sur les durées plus longue. C’est le cas des sprinteurs ou des pistards.

On trouve encore le tracé en (^), correspondant aux poursuiteurs (effort de 4 à 5 minutes), ou bien celui en (V), plus rare, voire improbable car le temps sur 5 minutes devrait refléter celui sur 60 minutes. Dans ce cas il faut s’assurer que les tests ont bien été effectués dans de bonnes conditions.

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