Après 9 mois en tant que coursier, quels effets sur l’entrainement cycliste?

Le boulot de coursier

Cet article intéressera surement ceux qui, comme moi avant de bosser en tant que coursier, se demandent si les kilomètres parcourus en tant que coursier/livreur à vélo leur seront bénéfiques ou préjudiciables pour leur pratique sportive du vélo.

Lorsque j’ai commencé à travailler pour Take Eat Easy en Janvier dernier, je pensais faire tout au plus quelques soirs par semaine histoire de compléter mes revenus du net.

Je pensais que j’allais continuer à faire 3 entraînements minimum par semaines, et reprendre la compétition au mois de mars. Or, entre temps, les différents sites internet qui me faisaient vivre ont fini de se casser la gueule pour devenir quantité négligeable: j’ai été obligé d’augmenter mes heures de travail à vélo, pour atteindre aujourd’hui un temps plein avec une quarantaine d’heures par semaine, voire 60 de temps en temps. Cela représente 17 à 25h de selle par semaine.

Impossible dans ces conditions de maintenir en parallèle un entrainement cycliste normal, d’autant que j’ai quitté Paris, où le boulot était pépère, pour Lyon, où le métier est bien plus exigeant.

Pour compléter le tout, 15 jours avant de quitter Paris je me suis fait voler dans ma voiture la quasi intégralité de mon matos vélo (mon btwin carbone, mon vitus ‘contre la montre’ que j’avais monté avec des pièces d’occasions, ma roue powertap -capteur de puissance-, ma roue avant Dura Ace, ma paire de RS80…

Sans ‘vrai’ vélo, sans capteur de puissance, je navigue depuis dans le flou le plus total concernant mon niveau en tant que cycliste.

Mais j’ai pu auparavant procéder à quelques tests relativement rassurants.

Les derniers tests avec la Powertap

En Mars/Avril, j’ai pu approcher mes niveaux de puissance record (PPR), sans vraiment avoir l’impression d’être à 100%. Cela a été le cas sur des tests incrémentaux que je me suis fait sur le circuit de Vincennes: en partant d’une puissance moyenne et en augmentant de 20 watts par tours, j’arrivais au final à des bonnes puissances moyennes, alors que par définition seule la dernière partie de ce genre de test s’effectue dans le dur.

Idem à la fin d’une sortie club que je décide de rallonger: je me teste sur un talus en donnant tout ce qu’il me reste, et malgré les heures de selle qui on précédées, je vais approcher mes records de puissance sur 10 minutes!

Mais j’avais toujours cette sensation d’être relativement collé, tout comme depuis plusieurs saisons. Depuis que j’ai la powertap en fait. Depuis le départ je soupçonne cette roue, avec ses rayons peu tendus (malgré un retour atelier pour retendre tout ça), d’absorber une partie de ma puissance dans un effet ‘élastique’, et donc de me brider, notamment dans les relances.

C’est un des défaut des powertaps, et je pense que c’était criant pour ma carbone à montage artisanal.

Mes 4 sorties de références avec les roues RS80

Au mois de Mai, de retour dans ma région cycliste (Côte d’or), je décide de laisser la powertap de côté pour voir ce que cela peut donner en retournant sur des roues rigides, sans être non plus des roues exceptionnelles (RS80).

Et là ce fût le déclic, car j’ai enchaîné en 4 jours 4 sorties de ‘référence’.

La première était une sortie ‘remise en jambe’ en enchaînant des bosses au tempo. 52km, 950 m de dénivelé, le tout à environ 28 de moyenne. Plutôt sympa vu le ratio d+/distance.

J’ai aussi pu confirmer mes progrès en technicité, en battant certain de mes records sur des segments descendants. Les heures de selle m’ont permit d’être plus à l’aise sur le vélo.

La deuxième sortie le lendemain devait être une sortie club. Je manque le départ et décide de partir seul pour un long raid en solo dans les collines du coin. Le vent est violent, et j’enchaîne le plus de bosses possible histoire de ‘rentabiliser’ mon déplacement. Moi qui ai toujours eu du mal sur les sorties longues, je me retrouve avec 125km et 2200m de dénivelé, le tout à 27 de moyenne. Départ en aisance (I1 à I3), super sensations, mais finish assez difficile avec une bonne dérive cardiaque.

Au final une grosse satisfaction pour ce qui est est une des mes sorties les plus longues et vallonée!

Le lendemain les sensations sont toujours bonnes pour une sortie récup à 60% de ma fréquence maxi, qui me donne tout de même une cinquantaine de bornes et 500m de d+ bouclé à 28 de moyenne.

Le quatrième et dernier jour je me programme une sortie de test sur un circuit de référence. C’est une boucle d’un peu plus de 60km pour 700 m de d+. Elle présente plusieurs petites bosses et de longs faux plats sur les deux premiers tiers, et un retour sur une longue ligne droite relativement plate, mais tout de même légèrement ondulée.

Au cours des saisons précédentes, ce circuit me permettait de jauger mon niveau du moment: à 30 de moyenne sans trop forcer, ou 32 au tempo c’est que la condition était optimale.

Je l’aborde à bon rythme, mais pas non plus en mode contre la montre. J’attaque les premières petites bosses au taquet, mais là aussi sans être à 100% . Malgré tout j’approche et même bat certain de mes records, établis pourtant dans ces conditions ‘optimales’ (c’est à dire à fond dans l’optique de prendre les kom de strava)!

Le vent, comme les jours précédent, souffle assez violemment, de sorte qu’à mi parcours j’ai l’impression de m’effondrer. Je l’ai plein dos au retour et parcours le segment final de 15km à plus de 42,5 km/h de moyenne!

Au final je termine à 33,8 de moyenne (!) pour un cardio certes assez élevé (environ 80% de la fcmax) mais tout juste en ‘endurance haute’. Les petits parcours des cyclosportives du coin présentent le même genre de distance et de dénivelé, et se gagnent en général à 34 de moyenne…

En soit chacune de ses 4 sorties prise séparément n’est pas exceptionnelle, mais réussir cet enchaînement (tout en gardant d’excellentes sensations)  alors que j’ai toujours eu du mal à gérer deux jours de vélo d’affilés me conforte dans l’idée que mon boulot de livreur à vélo ma donné la caisse qui m’a toujours manqué.

C’est dommage par contre de ne pas avoir les données de puissance de ces sorties, qui auraient pu permettre de mettre d’autres chiffres sur les sensations.

Dommage aussi de ne pas avoir pu prendre part à la saison de course sur route pour vraiment savoir si j’ai progressé/stagné ou pourquoi pas régressé. Car j’ai très bien pu prendre de la caisse en mode ‘diésel’ (idéal pour les longues sorties au train voire les cyclosportives) mais avoir perdu mes capacités de monter dans les intensités, ce qui aurait pour conséquence de ne pas pouvoir tenir le rythme d’une course de fédération.

J’ai aussi l’impression de mieux ressentir les effets de l’entrainement: par exemple après une grosse session d’intensité sur le circuit de Vincennes j’avais l’impression de ‘voler’ dans les jours suivants, comme si j’avais assimilé les effets de la session précédente. C’est ce que ressentent beaucoup de coureurs qui s’entraînent de manière qualitative, mais que je n’avais jamais ressenti personnellement.

Vol de mes vélos et perspectives

Comme je le disais plus haut, la nuit du 14 juillet je me suis fait voler tout mon matos vélo… A ce jour (près de 5 mois plus tard), je n’ai depuis plus vraiment refait de vélo ‘sportif’ faute d’avoir racheté un vélo. Tout au plus 3 à 4 sorties sur mon vieux mulet (Décathlon 7.4) , qui me ressert désormais pour le boulot.

Car en utilisation sportive ce vélo est carrément désagréable, avec l’impression qu’il se tord de partout et qu’il pèse une tonne, ce qui fait que je n’ai pas du tout envie (en plus du manque de temps) de refaire des sorties sportives. Quelle ironie du sort, alors que j’habite désormais à 10km de mon objectif de fin de saison, la grimpée d’Yzeron sur laquelle j’ai du faire l’impasse.

Comme en plus je n’ai plus de capteur de puissance, impossible de savoir où j’en suis…

J’ai bien refais 2/3 chronos en fin de saison, mais après des semaines de 60h de boulot j’étais rincé. Les sensations étaient dégueulasses, mais les temps pas si éloignés des saisons précédentes, avec un classement dans le premier tiers voir quart.

Je compte bien racheter un ‘bon vélo’, car malgré mes 1800 à 2000 km par mois j’ai une rage voire une frustration de remonter sur un vélo, reprendre l’entrainement qualitatif, me faire plaisir et accrocher à nouveaux des dossards. J’ai de grosses ambitions pour la saison cyclosportive 2017, et pourquoi pas aussi en course sur route, mais pour cela je devrais aussi ralentir le rythme au boulot.

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