Coursier à vélo: pourquoi on grille les feux, et autres réponses aux rageux

Il suffit de filtrer sur quelques mots clefs via Twitter pour le constater: les coursiers livreurs Deliveroo, Take Eat Easy comme ceux des autres startup de la foodtech ont très mauvaise réputation, accusé de faire n’importe quoi sur leur vélo vis à vis du code de la route.

On peut dire que de manière générale le cycliste lambda n’est pas très aimé, en fait il est même détesté par la population non cycliste, qu’elle soit véhiculé à moteur ou à pied. Alors ne parlons même pas de la réputation du cycliste livreur…

Pourtant, fort de ma petite expérience de 4 mois en tant que livreur de plats cuisinés à vélo, je remarque que les plus indisciplinés ne sont pas forcément les vélos mais les…piétons!

Je ne compte plus les gens qui traversent au rouge: à quelques exceptions près, la foule ne tient pas compte du feux rouge pour piétons dès que la voie est dégagé. Que ce soit des familles, des vieilles dames BCBG, le wesh qui promène son molosse: la signalisation routière n’existe pas.

Si un feu passe au rouge pendant qu’une foule dense traverse, le mouvement de foule fait que les gens s’associent au troupeau et continuent à traverser tant que le flux n’est pas interrompu. Comment il s’interrompt? En général il faut qu’une moto force le passage ou face rugir son moteur pour que les moutons rebroussent chemin et daignent laisser le passage à la circulation…

Pire, dans certains quartiers la foule s’approprie la route et se balade sur la chaussée sans la moindre attention à ce qui les entourent, comme s’ils étaient sur une zone piétonne .

Le plus dangereux sont les gens qui s’imaginent seuls au monde et qui traversent n’importe où le plus calmement au monde sans même regarder le sens de circulation. Un syndrome de la génération ‘moi-je’ ultra centrée sur son nombril, la même qui se met en scène dans une vie fantasmée sur les réseaux sociaux.

Pourtant, j’ai jamais entendu la moindre remarque sur les piétons en ville. Bref, les gens qui nous font chier sur twitter sont souvent les mêmes qui font n’importe quoi en ville.

Tout ça n’explique pas pourquoi les cyclistes grillent les feux…

Cela permet certes de gagner du temps, mais aussi surprenant que cela puisse paraître, cela n’est pas forcément la raison principale. Et non, ce n’est pas non plus pour narguer piétons et automobilistes…

La raison principale est physique: prendre de la vitesse depuis une position à l’arrêt est ce qui nécessite la plus grande énergie à vélo. Une fois lancé, et selon la vitesse de croisière, l’énergie pour rouler devient presque négligeable par rapport à celle requise pour démarrer.

Imaginez qu’une voiture doive bouffer 10 litres de carburant à chaque démarrage: vous feriez plus attention à vos arrêts non? C’est à peu près ce qu’il se passe, en schématisant grossièrement évidemment, pour un cycliste…

Pourquoi dès fois on roule sur les trottoirs?

Là non plus, ce n’est exprès pas pour effrayer les mémés et les touristes. Il arrive que l’on se trompe d’un ou deux numéro dans l’adresse de livraison (et que l’on continue donc sur le trottoir pour éviter d’attendre qu’il n’y plus de voiture, redescendre, et remonter 100 mètres plus loin, ce n’est pas ce que font les facteurs?), ou parfois de devoir remonter une rue en sens interdit sur quelques mètres afin d’éviter un détour d’un kilomètre.

Rouler à 15 km/h sur un trottoir ne pose aucun soucis, il faut arrêter le délire, on va pas foncer dans la foule comme dans un jeu de quille! D’ailleurs, les voies piétonnes sont ouvertes également aux cyclistes, c’est bien la preuve que la cohabitation est (légalement) possible.

Si les trottinettes électriques, les ‘hoverboard’ et autre gyro-roues sont tolérés sur les trottoirs, pourquoi pas les cyclistes à allure piéton dès lors que la largeur de celui ci le permet?

Pourquoi on prend des contre sens?

Là aussi, ce n’est pas pour embêter les voitures. Très souvent, un raccourci à contre sens permet d’économiser une bonne partie du trajet. Dans ces cas là je fais très attention, en longeant le bord de la chaussée, voire en remontant sur le trottoir si la circulation est trop dense/rapide.

Les accusations de dangers sont infondées, puisque peu à peu les contres sens cyclistes ‘officiels’ se mettent en place dans Paris, officialisant les pratiques déjà en place.

Dans les faits, cela ne change que peu de choses: la largeur de la bande cyclable en contresens est telle qu’il faut frôler les trottoirs, voir s’arrêter pour éviter de se manger les voitures qui arrivent en face.

Et je ne parle pas des gens qui ne sont pas au courant qu’il existe des contresens cyclistes, et qui vont te foncer dessus exprès en te frôlant, histoire de te donner une ‘bonne leçon’…

Ni des piétons qui ne vont regarder que le sens de circulation des voitures avant de traverser, obligeant le cycliste à stopper ou à faire un écart.

Vous avez des pistes cyclables, roulez dessus!

Il y a deux points importants à retenir concernant les pistes cyclables urbaines: elles ont été dessinées par des non cyclistes, et elles sont destinées aux cyclistes de loisirs: le gars qui monte sur son vélo (généralement un vélib) deux fois par an, les familles, les mémés qui reviennent du marché, etc….

Rouler à ne serait-ce que 25km/h dessus, c’est s’exposer à d’innombrables dangers: portières qui s’ouvrent sans possibilités d’échappatoire (cas des pistes coincées entre trottoirs et zones de stationnement), gens qui se baladent dessus ou traversent sans prêter la moindre attention…

Dans certains quartiers, de nombreuses camionnettes de livraison sont garées à cheval sur les bandes cyclables: il faut alors s’arrêter pour remonter le délimiteur et poursuivre sur la route (ou le trottoir).

Il faut ensuite tenir compte  de l’état de la piste, car celle ci récupère tous les déchets de la chaussée, et/ou son entretien est minimal: tessons de bouteilles, déchets divers, graviers, déformations/trous.

Un vélo de route a une épaisseur de pneu environ 10 fois moindre qu’une voiture. Des déformations de la route qui peuvent paraître anodines représentent au mieux un risque de crevaison, au pire un danger pour la conduite du vélo.

Enfin, certaines configuration sont impossible à passer à bonne vitesse: des angles droits ou des virages brusques non signalés qui sont casse gueule dès 30km/h.

Pour schématiser tout cela, si vous êtes non cycliste: imaginez être à 50km/h, et tout d’un coup être obligé de bifurquer dans une zone ‘piétons prioritaires’ (Rue Montorgueil par exemple), avec des voitures garées en travers, desgens qui se balladent au milieu,  de brusques successions de virages à 90°, le tout sur une chaussée défoncée avec des trous de 10 cm, vous aurez une bonne idée de pourquoi un vélo de course ne peut pas rouler sur la plupart des pistes/bandes cyclables de Paris.

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